lundi 29 avril 2019

Journal du terrain : 21 au 26 avril 2019 | Plessis, haie et ouverture du roncier

Durant les vacances de printemps, mes parents sont venus nous donner un coup de main sur le terrain. Cette semaine ensemble a permis d'avancer sur deux chantiers : le plessis et le roncier.

Le plessis : il a la double fonction de marquer la limite du terrain et de protéger la haie de boutures que nous avons planté juste derrière. Il n'a pas vocation à clore le terrain, mais simplement à marquer qu'il s'agit d'un espace occupé (et entretenu même si je sais que ma notion "d'entretien" n'est pas la même que la moyenne de mes concitoyens) et j'espère ainsi dissuader d'éventuelles incursions, notamment d'engins motorisés (nous en avions malheureusement observé les traces et même constaté directement la présence en deux reprises).

Début de fauche au bord de la route

le plessis achevé et le bord de route fauché
La réalisation a posé quelques difficultés.
Selon les conseils que j'ai pu lire sur internet, il faudrait employer de préférence des branches de diamètre régulier. La photo d'illustration du site visité montrait un plessis totalement régulier dans une platebande très soignée. Je m'étais dit "bof, si mes branches n'ont pas le même diamètre, ça n'aura pas un rendu esthétique très régulier, mais à la limite, je préfère" (j'aime les herbes folles, les formes un peu torturées, ce genre de choses). Cependant à la réalisation je me suis rendu compte que ce conseil avait une conséquence tout à fait pratique : garantir la bonne tenue des branches et faciliter leur mise en place.

vue frontale du plessis

Autre difficulté : l'adéquation entre le diamètre des poteaux (verticaux) et le diamètre des branches à tresser (horizontales), ainsi que l'adéquation entre la longueur des branches à tresser et l'espacement entre les poteaux.

Plus la distance entre les poteaux est courte, plus il en faudra (en nombre) pour réaliser une longueur donnée de plessis : éloigner les poteaux permet donc d'économiser en ressources. Mais pour avoir une bonne tenue du plessis, il faut que les branches horizontales soient suffisamment grandes afin de passer contre (devant ou derrière) au moins quatre, voire 5 montants (plus une branche horizontale passe contre un nombre important de poteaux, meilleure sera sa tenue). Si une branche horizontale passe contre seulement 3 montants elle risque de ne pas tenir, ou mal (et elle ne tiendra pas du tout si elle ne passe que contre 2 montants). Pour pouvoir se permettre d'écarter les poteaux (et donc d'économiser leur nombre), il faut donc disposer des branches horizontales suffisamment longues.

Ainsi pour assurer une bonne tenue des branches plessés, je recommande  d'utiliser des longueurs d'au moins 2 m pour un écartement des poteaux légèrement inférieur à 50 cm (de centre de piquet à centre de piquet). De cette manière, chaque brin passe contre 5 poteaux.



L'écartement des poteaux doit aussi tenir compte du rapport entre leur diamètre et le diamètre des brins que l'on tresse entre eux, ainsi que de la souplesse de ces brins. Mais généralement, la souplesse d'une branche est assez bien corrélée à son diamètre. Celui-ci doit permettre une mise en place souple. Si le brin est trop rigide (~ trop gros) on aura plus de difficulté à le faire passer devant / derrière les montants.
Au contraire les poteaux doivent être suffisamment solides (~ suffisamment gros) pour supporter la pression exercée par le tressage.
De manière générale, il semble que les poteaux devraient être environ 3 (voire 4) fois plus épais que les brins que l'on plesse entre eux. Si le poteau est trop fin par rapport aux brins que l'on place contre lui, il risque de ne pas supporter la tension et donc de casser.

De plus il ne faut pas sous-estimer l'enfoncement des poteaux : 10 cm de profondeur, c'est très (trop) limite et ça ne permet pas d'assurer un bon ancrage (et donc une bonne tenue) des montants. Sur la photo ci-dessous on voit bien que les montants se sont écartés car nous ne les avons pas planté suffisamment profond. Bien sûr cela dépend aussi du type de plessis réalisé, notamment de sa hauteur finale au dessus du sol et donc des diamètres des matériaux. Je pense que pour 1m de hauteur au dessus du sol il doit falloir enfoncer sur au moins 20-25 cm cm. Donc 1/5 de la longueur totale du montant devrait être sous le niveau du sol.

vue latérale laissant deviner la ligne de boutures (à gauche)
Il faut enfin éviter une trop grande variation de diamètre des brins entre les deux extrémités de ceux-ci : cela demande de favoriser des essences d'arbre ou d'arbuste à croissance rapide. Nous avons utilisé du noisetier (top), du châtaigner (pas mal), du robinier faux-acacia (pas mal), du sureau (nul). Je pense que des rejets de frêne pourraient être intéressant, mais il me semble que c'est un bois assez cassant. J'ai eu de mauvais résultats en tentant de mettre en place des brins dont, pour favoriser leur longueur maximale, je m'étais refusé à couper l'extrémité haute, conservant ainsi des parties de diamètre inférieur à 1,5 cm voire inférieur à 1 cm. Or ces parties, trop souples, n'ont aucune tenue.

Il convient enfin de considérer deux types de "tenue" : la tenue contre les poteaux : diamètre suffisamment épais des brins par rapport à l'espacement entre les montants pour bien venir s'appuyer contre ceux-ci, et d'autre part la tenue entre les brins : un brin fin contre un brin 3 à 4 fois plus épais ne va pas permettre un appui correct des brins les uns sur les autres.

vue rapprochée du plessis
Régularité de diamètre des montants : là aussi, il convient de privilégier une bonne régularité des diamètre au sein des montants, si un poteau est moins épais (et donc plus fragile) que son voisin, il risque fort d'être écarté/poussé par la pression exercée par les brins (surtout si ceux-ci sont de diamètre voisin de ce poteau faible).

vue latérale du plessis et de la ligne de boutures située à l'arrière : ce sont ces boutures qu'il s'agit de protéger contre : d'une part les éventuels voitures ou tracteurs roulant sur la berme pour faciliter le croisement avec un autre véhicule, et d'autre part contre le broyage réalisé par les employés municipaux qui entretiennent les bords de route.
Quantités : attention un plessis est très gourmand en ressources ! Je recommande de bien réfléchir à la longueur du plessis, sa hauteur, les diamètres que l'on souhaite mettre en oeuvre et donc les quantités et longueurs des brins et des montants nécessaires avant de se lancer dans la construction.
Dans le cas du plessis sur ces photos je n'avais pas du tout organisé cet aspect (j'étais en mode "on y va et on verra bien") et on s'est retrouvé à prendre tout ce qui nous passait sous la main. J'ai été trop peu regardant sur la qualité des matériaux que nous avons mis en oeuvre, et au final je crains que ce plessis ne soit pas très pérenne. Étant donné qu'il a demandé près de 3 jours de travail à 2-3 adultes (coupe du bois, acheminement à pied entre le lieu de coupe et le lieu d'installation, préparation des brins, mise en place), c'est assez regrettable.

Néanmoins c'était une belle expérience et un chouette chantier, et le résultat, bien que tout à fait améliorable, est tout de même satisfaisant, ou en tout cas "passable".

ail des ours fleurissant sur le terrain

vue du roncier depuis le haut du terrain
Durant cette semaine nous avons également pas mal avancé sur le roncier, notamment dans un secteur de très forte densité des ronces (voir là où on s'était arrêté le 30 mars).


Un autre chantier a été la plantation de jeunes érables (planes et sycomores) apportés par mes parents, ainsi que divers plantes issues de leur jardin.
Enfin nous avons fait quelques plantations dont des patates et des topinambours. Mais je n'ai pas pensé à faire des photos de tout cela.

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