dimanche 29 septembre 2019

1 jour chez une maraîchère : Laura

Suite à une conversation avec mon cher et tendre, je me suis (enfin !) décidé à solliciter des collègues maraîchers afin de passer une journée avec eux, dans l'optique de : 1. tâter un peu le métier, pour arrêter de l'idéaliser et me confronter (un peu) à sa réalité, et 2. d'en profiter pour échanger avec eux sur leur parcours d'installation et leur pratique quotidienne. Ce poste devrait donc être le premier d'une série que j'espère mettre en œuvre au rythme de 1 ou 2 épisodes mensuels.
 

Chez Laura, ce dimanche, on a donc commencé par prendre un café en discutant.
Elle et son compagnon me parlent un peu du travail, de la saison. Discussion générale dont je n'ai pas noté de fait saillant. Je me contenterai de rappeler ici que Laura est en première année d'installation (elle a commencé en janvier - j'étais d'ailleurs déjà venu filer un coup de main lors du bâchage des serres).

Puis première activité : retirer le "paillage" en toile tissée de ses planches de courges (lesquelles étaient déjà récoltées et rangées). C'est une tâche assez simple : on coupe les touffes d'herbes trop grosses qui ont poussé dans les trous de la toile, on frotte un peu pour faire tomber la terre, et on pose à sécher au soleil. Plus tard on les aura pliées et rentrées.

les toiles sur les planches

les toiles mises à sécher
Deuxième activité : faire le tour des cultures et regarder les besoins d'irrigation. On donne un coup d'eau le matin pour que les plantes puissent sécher la journée et ne pas rester trop longtemps humides ce qui favoriserait le développement de champignons parasites.

Les vannes d'arrivée et de distribution de l'eau sont l'occasion d'une présentation du système et (des péripéties) de son installation. J'en retiens que les différents raccord ont failli être enterrés, avant de finalement être dressé hors-sol afin de pouvoir détecter plus aisément d'où proviendrait d'éventuelles fuites.
Pour équiper un espace de culture sur une surface d'1 ha, il lui aura fallu débourser près de 4000 € sans compter le terrassement des tranchées.

Autre info qui m'a marquée : la pression du réseau arrive à 6 bars chez Laura, et elle a fait installer un réducteur de pression pour la ramener autours de 5 bars. Sur mon terrain,


l'arrosage sur les salades
arrosage de plein champ
l'arrosage en serre (permet aussi d'y faire baisser la température)
quelques germinations qu'il faudra biner.

On a ensuite fait un petit chantier de repiquage de jeunes plants de coriandre, en remplacement d'autres plants qui avaient été livrés trop grand et qui avait mal pris. La tâche est simple : on arrache l'ancien plant, on gratouille avec les doigts pour ré-émietter la terre, on place le nouveau plant, on assure le contact entre la motte et la terre environnante. S'en est suivi un arrosage au goutte-à-goutte.

On est ensuite allé faire un tour dans les poireaux pour essayer d'y détecter la teigne du poireau dont la chenille mange les feuilles avant de s'enfoncer dans le fût. "Malheureusement" on n'a plus rien vu sur les feuilles et Laura craint que - au lieu de signifier une absence d'attaque - cela soit plutôt le signe que les chenilles soient déjà rentrées dans le fût (elle en aurait déjà vu quelques unes les jours précédents).
Nous n'avons pas abordé la question d'éventuelles traitements, puisque nous sommes directement passés à l'activité suivante : désherber un rang de choux-fleurs.



Ça nous a pris une bonne heure à deux pour faire 30m en papotant allègrement.
Les difficultés pour trouver un terrain, puis la bataille syndicale afin de réussir à récupérer celui-ci. Une SAFER, des syndicats, de la spéculation foncière : c'était passionnant, même si un peu flippant.

Ensuite pause déjeuner (vers 13h30)

On reprend cette fois avec le tracteur. Laura veut décompacter la zone où elle avait les courges et les patates pour semer un engrais vert. Il faut dételer le gyrobroyeur (utilisé le matin par son compagnon pour "tondre le pelouse"), et atteler son outil auto-fabriqué, à dents et disques. C'est l'occasion de m'initier un peu à l'attelage d'engins. J'observe que c'est bien plus chronophage que ce que je n'imaginais : dételer, atteler, régler, ça prend du temps. Puis le travail en lui même est "ralenti" par les nombreuses manœuvres qu'impose la taille réduite des planches (30 m) et la taille réduite du terrain, les zigzags entre les éléments à ne pas écraser (comme un robinet d'arrivé d'eau ou un physalis inconsciemment planté en bout de ligne (où il a terriblement gêné les manœuvres).







Et en vidéo c'est ici :

Le résultat n'est pas satisfaisant pour Laura : trop superficiel, pas homogène ("pas propre"). Mais c'est la fin de la journée pour moi alors je n'aurai pas le fin mot de l'histoire. Il y aura sans doute une finition avec un autre outil, une herse rotative par exemple.


Je retire de cette journée : la joie d'un bel échange, mais également un certain mal-aise (cependant pas nouveau chez moi) vis-à-vis des planches longues (et pourtant c'est "seulement" 30m), mais aussi de l'utilisation du plastique et du tracteur. Avec cependant une certaine satisfaction lorsque Laura me dit qu'elle envisagerait bien, d'ici quelques années de passer à la traction animale.

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