dimanche 19 novembre 2017

Au fait, c'est quoi "être maraîcher" ?

 Voici un mois et demi ou deux mois que l'idée de me lancer dans un projet de maraîchage me travaille sérieusement et que j'ai engagé une réflexion et des recherches afin, éventuellement, de pouvoir me lancer.

Alors la question peut sembler incongrue, en ce sens que la réponse devrait être évidente et largement connue à ce stade de la réflexion.

L'Ortolano - Giuseppe Arcimboldo

Et en effet j'ai bien une réponse évidente à lui apporter. Mais cette réponse est très superficielle. Pour moi un maraîcher c'est quelqu'un qui cultive des légumes et qui les vends.

Pour le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, il y a deux acceptions :
A. − Vx. Jardinier cultivant un marais à l'intérieur ou à proximité de l'enceinte d'une ville.
B. − Jardinier qui cultive de manière intensive et (généralement) sur une grande échelle des légumes, notamment des primeurs, pour les vendre.

De toute évidence, il convient
1 - de préciser cette approche, parce qu'il y a d'autres métiers qui permettent de cultiver et commercialiser des légumes, et
2 - de détailler ce que cela sous-entend : quels sont les différents travaux nécessaires à la réalisation de ce processus ?

Précisons donc

D'après l'ANEFA il y aurait 4 grands types d'entreprises dans la production légumière : "les exploitations de plein champ, les exploitations sous serres, les producteurs d’endives et les maraîchers." Cette classification me semble bien étrange.
Pour l'Agreste (site ministériel de la statistique agricole française), la production légumière se divise de la façon suivante :
  • les cultures de plein champ pour la transformation (je suppose que ça recouvre donc plutôt les cultures industrielles comme la betterave sucrière ?),
  • les cultures de plein champ pour le frais (je suppose que c'est du légume en production à grande échelle et à tendance monoculturale pour la grande distribution ?), 
  • les cultures de plein champ mixte,
  • les maraîchers 
  • les maraîchers-serristes,
  • les serristes
 

Étant donné que l'on a d'un côté la "culture de plein champ" que je suppose être de la culture à grande échelle, et de l'autre de la culture sous serre, qui se définit comme de la culture hors sol et donc assez probablement très intensive, j'en déduis que le maraîchage se définit par opposition à ces tendances comme une culture de pleine terre à petite échelle.
Ça tombe bien : ça collerait alors pile avec ce que j'envisage !

Et la filière bio semble confirmer cette vision en distinguant 3 (voire 4) grand types d'exploitation :
  • le maraîchage diversifié : 0,5-2(6) ha, plein champ et sous abri, + de 15 légumes différents, mécanisation -/+
  • le maraîchage spécialisé : 5-20 ha, plein champ et sous abri, nombre d'espèces plus réduit, mécanisation ++
  • la production légumière : 20-100 ha (+ de 0,5 ha/espèce), plein champ, 3 à 5 légumes,  mécanisation +++

Et détaillons

La fiche ONISEP du métier de maraîch·er·ère se contente de lourder de grosses généralités totalement inintéressantes : "Sans lui, pas de beaux légumes frais dans l'assiette", "J'aime la nature", "J'aimerais travailler dehors", "secteur : agriculture", "Formation : BP, Bac Pro ou BTS", 3 liens. Navrant d'inutilité, mais bon passons.

Une fiche métier qui me semble plus complète est celle présenter par le site "Le Parisien Étudiant", surprenant mais bon, c'est toujours ça de pris :
http://etudiant.aujourdhui.fr/etudiant/metiers/fiche-metier/maraicher.html

Je copie-colle depuis cette source la liste suivante de tâches réalisées par les maraîchers :

le maraîcher doit :
• préparer les sols, semer les graines, arroser ou irriguer en fonction des besoins
• fertiliser les sols les plus pauvres
• anticiper les aléas climatiques, se tenir informé des évolutions de la météo
• assurer la protection des cultures agricoles contre les parasites
• respecter la réglementation et les normes de l'Union Européenne dans les domaines de l'environnement et de la sécurité alimentaire.
• En cas de culture agricole sous serre, assurer le contrôle de la température, l'arrosage et la surveillance des plants
• mettre en place les récoltes et les cueillettes
• assurer la préparation et le conditionnement des légumes et des fruits
• gérer le travail des ouvriers agricoles.
• veiller aux consignes de sécurité concernant les récoltes ou l'utilisation des machines agricoles.
• Conduire des engins agricoles.
• assurer la présence à  des marchés, veiller à  la distribution et à  la vente de ses récoltes, et dans ce cadre, gérer les relations avec les techniciens des coopératives, les fournisseurs, la chambre d'Agriculture.
• Gérer les commandes et les coûts d'expédition
• Maîtriser la gestion administrative et financière de l'exploitation agricole.

Un peu d'histoire et d'étymologie

Le CNRTL indique que "maraîchage" viendrait de "marais". L'explication est un peu courte et semble surtout surprenante, étant donné qu'un marais (zone humide où l'eau affleure) n'est pas un lieu qui semble propre au maraîchage.

C'est qu'il y a un second sens au mot "marais", sens aujourd'hui oublié, mais dont le wiktionnaire a gardé la trace : "(Horticulture) (Vieilli) Terrain, riche en humus, destiné au maraîchage."

Le wiktionnaire à nouveau, nous donne une autre piste, via l'entrée "maraîcher" où le paragraphe sur l'étymologie précise : "(XVe siècle) Dérivé de marais, de l’ancien français mareschier, marequier."

Le dictionnaire de l'ancienne langue française, de Frédéric Godefroy, indique :
1. mareschier (v) : creuser une mare pour l'arrosage d'un jardin maraîcher (dès 1364).
2. mareschier (maresquier, marequier) (n) : maraîcher, jardinier qui cultive des légumes (dès 1497).

Le Glossaire de la langue romane, de J.B. Bonaventure de Roquefort, indique :
mareschier : jardinier qui cultive les marès, qu'on nomme aujourd'hui marais.
mareschier : cultiver un jardin, arroser un pré.
mareschiere, mareschere, marescherie, mareschure : marais, lieu marécageux, terrain aquatique. Voy. maraischiere
marès, maret : lieu aquatique, terrain marécageux, lieu bas, marais, de mare ; et par suite : jardin dans un lieu bas et humide.
marage : pays situé au bord de la mer ou d'une rivière, terrein situé auprès d'un marais ou dans un lieu bas et humide ; de mare (quod mari adjacet) ; en bas. lat. mariscus. Gent marage, peuple ou habitant de ces même lieux; d'où marager, maraiger, maraischier, mareschier, jardinier qui cultive un lieu bas ou un marais, et qui en vend les légumes ou les fruits qu'il produit.

Dictionnaire portatif des arts et métiers, tome 2 (1767), p. 140
Marager. C'est le jardinier qui, dans les grandes villes, s'attache à la culture des plantes potagères. C'est dans les lieux les plus bas et les plus humides des environs des villes, que ces sortes de jardiniers ont établis leurs jardins ; et c'est ce qui a fait donner à ces jardins le nom de marais.
Les opérations des maragers sont les mêmes que celles qu'emploient les jardiniers des riches dans leurs potagers : ont remarque seulement dans les premiers une habileté singulière à mettre à profit le terrein, et à en tirer le plus grand parti possible, tant par l'arrangement, qu'en semant d'avance des graines sur des planches, dont ils doivent enlever le plant dans peu de tems.
Le portager ou le marais ne fait pas une impression aussi éblouissante que le parterre, mais il attache plus long tems le spectateur, parcequ'il renferme dans son sein une infinité de plantes qui servent de nourriture à l'homme, et même de remedes.



Pour aller plus loin dans l'histoire du maraîchage, je noté l'existence (mais pas encore pris le temps de lire) du Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris, écrit par J. G. Moreau et J. J. Daverne et publié en 1845


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Sagartzea : fête des pommes basques - Mendionde : samedi 23 octobre 2021

Lekorneko Garroan jai egin du Sagartzeak bere 30 urtebetetzea. Euskal herriko sagar motak bildumatzea eta bultzatzea helburu du elkarte horr...