Formation organisée sous l'intitulé pas particulièrement bien choisi de "Maraîchage sur Sol Vivant"
calendrier de formations de l'ABDEA début 2021 |
À peine le tour de table entamé, suite à l'évocation du travail du sol, un stagiaire interroge : "je pensais que le maraîchage sur sol vivant c'était le non-travail du sol ?" l'intervenant Jean-Paul Gabard répond : "le non travail du sol c'est de la connerie dans 90% des cas" puis évacue rapidement le sujet... c'est certes une manière comme une autre de faire le "point sur le non-travail du sol" comme le promettait la présentation de la formation.
Alors que je l'interroge directement sur l'intitulé de la formation "Maraîchage sur Sol Vivant", M. Gabard indique que c'est l'ABDEA qui a choisi cet intitulé. Effectivement, le polycopié qu'il nous distribue propose un titre plus sobre : "les sols pratiques".
La formation prévue sur deux jour aura vu la première journée se contenter d'être un cours d'initiation en pédologie : apprendre à observer son sol, sa couleur, son odeur, sa structure, puis à identifier sa texture (proportions relatives argiles, limons, sables).
Enfin, un test d'effervescence à l'acide afin d'identifier le caractère carbonaté ou non du sol nous permet de constater que - ô surprise - sous notre climat hyper pluvieux sur roches mères à dominantes siliceuses, il n'y a pas d'effervescence sur nos échantillons de sol : donc il faut chauler. S'ensuivent des recommandations sur le chaulage.
Bon, c'est très intéressant la pédologie et j'ai appris quelques trucs,
mais pour ceux qui s'attendaient à des infos en terme de "maraîchage sol vivant" dans le sens du réseau assez médiatique du même nom, c'était râpé.
Les roches calcaires contiennent du calcium (Ca2+) en proportions variables ainsi que d'autres éléments (carbone, oxygène, etc.). Donc 1 kg de calcaire ne vaut pas 1 kg de calcium mais plutôt 0,5 voire 0,3 kg ou moins. Il faut donc faire attention, lorsqu'on parle d'amendement, à bien être sûr si l'on parle de poids de roche (la matière qu'on épand) ou de poids de calcium (kg de calcium, ou unités de calcium).
Les plantes, en poussant relarguent des ions H+ et donc acidifient le sol. En moyenne la "consommation" de Ca2+ serait de 300 à 500 kg/ha/an. Si on épand une roche calcaire à bon taux de calcium, disons 50%, cela nécessite d'épandre 0,6 à 1 T de roche calcaire tous les ans. Comme une roche calcaire compacte a une densité de 2,7 T/m3, et qu'on achète normalement le calcaire concassé, sous forme de sable calcaire de diamètre grossier 0-6 mm, il faut compter une densité plus faible de 1,5 T/m3 cela nécessite d'épandre entre 0,4 et 0,7 m3/ha/an soit entre 400 et 700 L.
Donc les trucs que j'ai trouvé intéressant c'est ce diagramme pratique d'identification de la texture du sol :
On commence par le losange bleu, en haut au centre : il faut prendre un échantillon de sol qu'on humecte assez généreusement si nécessaire et qu'on malaxe fortement entre le pouce et l'index, si, sous la pression des doigts, la terre est expulser en formant une languette assez longue qui se tient sans tomber, cela dénote une dominance argileuse et on part sur la gauche du logigramme.
Jean-Paul Gabard indique que le test du boudin ne serait - selon lui - pas fiable car les limons peuvent se prêter au façonnement d'un boudin.
Bon chaque case demanderait des commentaires pour préciser / expliciter les tests à faire.
Concernant la dernière bulle en marron en bas à droite : "argiles fortes de diverses qualités".
JP Gabard a précisé ce qu'il entend par "qualité des argiles" : c'est une caractéristique liée à leur structure microscopique : les argiles sont constitués de feuillets, plus ceux-ci sont importants, plus l'argile à une capacité de "gonfler" (en se gorgeant d'eau) c'est-à-dire de jouer son rôle d'éponge-piège-à-éléments-minéraux. Il nous donne cet ordre de grandeur : un gramme d'argile "virtuellement" étalé : si c'est une "mauvaise argile" (peu gonflante) cela occupera une surface 8-10 m2, mais si c'est une "bonne argile" (très gonflante) cela occupera une surface de 800 m2.
Il nous a aussi expliqué qu'il ne faut pas trop généraliser le "complexe argilo-humique" des cours de pédologie : en effet, ce complexe ne se réaliserait selon M. Gabard que rarement (faute notamment d'argile dans les sols qui en sont dépourvus ou peu pourvus). Il vaudrait donc mieux parler de "complexe organo-minéral" afin d'intégrer la possibilité que l'élément minéral soit autre qu'un argile, par exemple un limon : ce qui a des conséquences très différentes en terme de capacité à lier des éléments entre eux et donc à structurer un sol.
Afin de détecter la présence de colles organiques dans le sol, il propose un test comparatif de dilution d'un échantillon de sol dans de l'alcool ménager (à 95%) et dans de l'eau.
L'alcool étant constitué de sucre, comme les colles organiques, celles-ci ne peuvent pas se dissoudre dans ce médium, alors qu'elles seront effectivement dissoutes dans l'eau. En conséquence, on devrait observer dans l'échantillon dans l'alcool de toutes petites "billes de semoule" (de taille inférieure à 2 mm, qui sont visible lorsqu'on incline le tube du test et qu'on le fait rouler doucement entre les doigts : en glissant dans le tube les poussières de terre flottant dans le liquide laissent entr-apercevoir les fameuses billes - mais c'était franchement pas facile à observer). Ce test vise à observer la différence du nombre de billes entre les deux échantillons (eau et alcool). Normalement l'échantillon dans l'eau dissolvant les colles on n'observera aucune bille. La question est de savoir combien il y en a dans l'échantillon dans l'alcool :
beaucoup ? peu ? pas du tout ?
cela nous renseigne sur le "taux" de matière organique dans le sol (proportionnel au nombre de billes).
malheureusement il ne nous a pas donné de repères pour fixer des "seuils" et tenter de chiffrer ce taux.
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